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- BLAIN DE ST-AUBIN — A l'Institut canadien-français, la fête anuelle aux huîtres fut instituée à l'automne de 1866. L'historien Joseph Tassé, le docteur F.-X. Valade, Achille Pinard, Eugène Têtu et nombre d'autres y assistaient. Benjamin Sulte lut un
poème intitulé "L'éloge des huîtres":
N'ayons qu'un seul mets
Ce soir sur ta table
Pour des fins gourmets
L'huître est délectable.
Et, tout le monde de répondre en choeur: Bon! Bon! La faridondaine! Gai! Gai! La faridondé!
Emmanuel Blain de St-Aubin répondit à ce poème avec à propos:
Sur les huîtres, un poème
Serait désirable, ma foi!
j ai bien prouvé que je les aime,
Vous êtes d accord avec moi?
Parmi la pléiade de gens cTesprit et de franche gaieté qui fréquentait vers cette époque, l'Institut canadien-français, Blain de St-Aubin fut un des hommes les plus érudits et les plus appréciés de la capitale.
Né en 1833 à Brest en France, fils de Jeanne Delamarre et de Charles Blain de St-Aubin, le jeune Emmanuel étudia à Rennes puis à Paris. Il avait vingt-quatre ans lorsque, désirant apprendre l anglais, il vint vers l'Amérique et après plusieurs étapes, échoua à Québec. Dans ('intervalle, it s'était familiarisé avec la langue de Shakespeare, avait appris l'art de faire des vers, d'écrire de la musique et de pratiquer d'autres talents d'agrément. Lord Monck l engagea pour donner des leçons de français à ses enfants. En 1862, il entra au bureau de traduction de ('Assemblée législative.
Mais voilà que les fonctionnaires quittent Québec pour venir occuper les édifices gouvernementaux à Ottawa. Marié (année précédente avec la fille du notaire Rhéaume qui avait travaillé à ('adaptation du code Napoléon, Blain de St-Aubin se
dirige avec sa jeune femme vers la petite capitale où il devient assistant traducteur français à la Chambre des communes, poste qu il occupera jusqu'à sa mort.
Chansonnier, interprétant lui-même avec esprit et gaieté ses compositions, il écrit des vers et publie plusieurs de ses oeuvres dans les journaux de l'époque. Un album gardé précieusement par son arrière-petite-fille, Mme Jocelyne Tessier (née Mathé) montre quantité de feuillets de musique, de poèmes, d'appréciations d'amis car il en avait beaucoup y compris Benjamin Suite, de conférences que Blain de St-Aubin
donna souvent à l'Institut canadien-français, de mots amicaux comme ceux du barde breton Botrel, du critique littéraire Sainte-Beuve et combien d'autres.
Une vie si remplie, si riche, devait se terminer tôt. Blain de St-Aubin mourut en 1883 à l âge de 50 ans. Il laissait une fille, Marie, née peu après l'arrivée du couple à Ottawa, c'est-à-dire le 11 octobre 1867. Les autres enfants furent Adolphe (cette famille habite maintenant les USA), Joseph, sergent des Gardes à pied du Gouverneur, lieutenant dans la Garde Champlain, décédé à 27 ans et des filles qui moururent jeunes.
Marie avait épousé Napoléon Mathé, issu d'une famille pionnière de Bytown (voir ce nom). Par elle et son mari, la tradition musicale et littéraire se continuait.
Source: Georgette Lamoureux - Tome II sa population canadiens-français 1855-1876 - page 241
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